Les démos à la Biennale de L’Aquarelle de Toulouse

Par défaut

Les portes de la biennale de Toulouse viennent de se refermer  et le public, très nombreux jusqu’au dernier jour, a pu assister, à de nombreuses occasions, à des démonstrations de cet art difficile, réalisées par des aquarellistes plus talentueux les uns que les autres.

Vous trouverez ici un modeste compte-rendu de quelques unes de ces démos dans l’ordre où elles ont été réalisées. Comme le public est de plus en plus nombreux, les organisateurs de la biennale ont installé, cette année, un rétroprojecteur qui permettait à tous les participants de voir les différentes prestations, ce qui explique la qualité souvent médiocre des photos prises avec un zoom et parfois dans la précipitation………

Martine Jolit

P1080274 (575x1024)

Une aquarelliste très sympathique qui utilise du papier Arches satiné 180gr tendu sur un châssis et pas mal de drowing-gum qu’elle enlève à la fin avec une gomme en crêpe. Sa palette est plutôt réduite, ce qui donne une belle unité à l’ensemble du tableau.

Après avoir réalisé un dessin assez précis sur sa feuille, elle mouille le papier surtout autour du sujet et un peu au fond de la cruche pour lier le sujet à l’environnement sur lequel elle crée des effets avec du cellofrais et du sel(en haut à gauche).

Ce résultat lumineux et coloré a été obtenu en 1h15mn.

Martine Jolit a donné beaucoup de précisions pendant la démo en particulier les pigments utilisés (par exemple pour obtenir un joli brun: Terre de Sienne brûlée, crimson alizarin et bleu outremer) et aurait souhaité plus d’interventions de la part du public qu’elle trouvait trop silencieux à son goût.

 

 

 

 

 

 

Corinne Izquierdo, la spécialiste des blancs et des jeux de lumière.

P1080410 (755x1024)

A son habitude, Corinne a fait une démo parfaitement maîtrisée avec beaucoup d’aisance et de disponibilité à partir d’une esquisse très précise (1) après avoir donné des conseils sur la démarche générale (2) et « présenté » ses principaux pinceaux. (3)

Après avoir immergé sa feuille, elle pose les 3 couleurs primaires aux endroits stratégiques pour pouvoir mettre toutes les nuances du blanc: bleu cobalt dans les plis à l’ombre, jaune auréoline près des zones très blanches et rose permanent pour faire la jonction entre les zones colorées (près du jaune pour obtenir un orange très léger, près du bleu pour obtenir un mauve clair)(4)

Ensuite la feuille est mise à sécher avant d’être de nouveau immergée (pour la démo, Corinne avait fait à l’avance une première étape afin de ne pas avoir besoin de sécher pour passer à la deuxième).

Le papier, du Montval 300gr,  est alors agrafé sur un châssis (5), ce qui lui permettra de pencher le tableau pour la réalisation des lavis directionnels avec toujours les trois couleurs primaires  qui, mélangées avec une dominante ( bleue, rouge ou jaune) donneront des gris colorés, en prenant soin de préserver les parties les plus lumineuses (dans le rideau et la porte ouverte au fond).

Ensuite, elle monte le tableau en couleur avec d’abord du Gold Quinachridone (6) puis du Terre de Sienne brûlée, pour les chapeaux, les étagères, le panier et le plancher (7), du violet de manganèse pour le plancher et le mur du premier plan, du vert doré pour les fleurs dans le panier. (8)

Lorsque le papier est humide-mat, c’est le moment d’enlever les blancs avec le pinceau « aspirateur » (9) pour ouvrir les lumières dans les pieds des chaises, le sommet du chapeau, les rainures du plancher, le pot sur le meuble et les plis du rideau qui s’envole, sans oublier d’apporter les précisions au pinceau fin bien chargé en pigment ( le tressage des paniers, les crochets des porte-manteaux etc…) ( 10)

Au bout d’1h30, le tableau est fini et Corinne disposée à répondre à toutes les questions avec beaucoup de présence et de générosité.

Vous pouvez visiter son nouveau site sur:

www.corinne-izquierdo.fr

et voir la démo ci-dessous:

http://www.youtube.com/watch?v=ukGyBcN2iCw&authuser=0

 

Ewa Karpinska

P1080466 (1024x678)

Cette aquarelliste très connue, constamment en recherche, travaille sur un papier de grand format après l’avoir immergé et fixé sur un châssis, avec une palette très réduite (1) (aquarelles de chez Rembrandt ou Blockx) des pinceaux japonais, plats et larges (2). détail original, elle peint à genoux, légèrement appuyée à l’arrière  sur un plan incliné.

Son esquisse date d’un voyage à Kioto et elle souhaite, dans son aquarelle, rendre la texture et la présence de troncs de cerisiers couverts de lichens mais elle n’a absolument pas tracé de dessin sur sa feuille.

Elle demande au public de ne pas l’interrompre en précisant qu’elle répondra aux questions à la fin de la démo, car elle doit se concentrer pour « être attentive à l’échange entre le papier et la peinture ».

Après avoir réalisé un lavis directionnel très maîtrisé à partir d’une « soupe » (mélange à égale quantité d’eau et pigments-ici avec une dominante verte-) qu’elle fait tomber de son pinceau à grandes taches (3),  elle « place » le pont à droite (4) puis les troncs (5) qu’elle précise petit à petit (6).

Ensuite, dans l’humide-mat, elle fait des enlevés pour créer de la lumière sur les troncs (7) et du mouvement dans les feuillages (8-9)

Deux heures de démo dans un silence religieux suivi d’applaudissements nourris.

Maryse De May

 

demo Maryse de May 046 (1024x654)

Maryse De May est une aquarelliste très connue spécialiste des fleurs et des paysages, colorés, lumineux, réalisés avec une grande précision, bien que sa palette soit toujours très réduite. Ici, elle s’est inspirée des fleurs de magnolia de son jardin (1) pour présenter une composition printanière.

A partir d’un dessin assez succinct du contour des fleurs, elle mouille soigneusement au spalter et parfois au pinceau fin, tout l’environnement jusqu’au bord des pétales, avant de projeter au pinceau des « jus » colorés à base de rose permanent, de bleu cobalt et de jaune transparent à l’emplacement des feuilles.(2)

Toujours dans l’environnement, elle « monte » les couleurs pour mettre en valeur le point vital de sa composition: les fleurs elles-mêmes.(3)

Pour les ombres sous les fleurs,  elle utilise quinachridone magenta et violet dioxazine puis montre  et commente son tableau à la fin de la première étape, c’est-à-dire la réalisation de l’environnement.(4)

Après avoir séché son tableau, elle mouille chaque fleur, l’une après l’autre, en laissant par endroits le blanc du papier et applique du rose permanent plus ou moins dense pour le cœur des fleurs et du bleu cobalt, plus ou moins intense pour les ombres.(5)

Les boutons sont précisés avec un léger Terre de Sienne brûlée  et les rares feuilles avec quelques coups de pinceau chargé d’un mélange de bleu cobalt et jaune transparent.(6)

Tout à fait à la fin, les ombres sont accentuées avec un mélange de crimson alizarin et de bleu winsor greenshade  qui sert aussi pour dessiner les branches tourmentées  à l’aide  d’un gulliver.(7)

Maryse De May peint sur du papier Arches grain fin, 300gr et n’hésite pas à utiliser la plume pour tracer les nervures des fleurs et des feuilles.(5)

Une démo toute en finesse et en légèreté appréciée par un public nombreux et enthousiaste.

oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo

Bref, tous les aquarellistes amateurs, de la région et d’ailleurs, débutants ou confirmés ont pu assister à des prestations de grande valeur et découvrir des techniques différentes mais qui donnent toutes des résultats très convaincants.

Félicitations à l’Association Aquarelle en Midi- Pyrénées qui a organisé cette 2ème biennales avec beaucoup de talent et de dévouement! Gageons que la 3ème, dont la préparation a certainement déjà commencé, sera encore plus intéressante et pourra compter encore sur les plus grands noms de l’aquarelle.

 

 

Une réponse "

  1. Passionnée d’aquarelle, merci de votre générosité car vous consacrez du temps à nous faire découvrir les démos dont vous avez été témoin. Tout est intéressant dans votre blog.
    Au plaisir de se retrouver sur votre site.
    Cordialement
    Mireille de Dakar

    • Merci, Mireille, pour votre commentaire. J’ai la chance d’avoir une amie passionnée d’aquarelle qui m’a communiqué le virus et avec qui je continue de travailler. Par ailleurs, les cours de Corinne Izquierdo et de Lélie Abadie me permettent de m’améliorer petit à petit. Ces démos m’ont aussi beaucoup apporté. Mon plaisir est double: progresser dans cet art difficile qu’est l’aquarelle et partager mes découvertes avec mon modeste blog…..
      Bien à vous.
      Josette

Laisser un commentaire