Archives Mensuelles: janvier 2013

Le club des incorrigibles optimistes par MariCarmen

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Le club des incorrigibles optimistes par MariCarmen

Incroyable mais vrai!!!! Mon amie Sévillane, MariCarmen, malgré une activité professionnelle, familiale et sociale trépidante, me fait l’honneur et l’amitié d’envoyer un article pour La Clé des Champs! Dans un français d’une correction et d’une richesse remarquable!

Elle vient de finir de lire Le club des incorrigibles optimistes, voilà les commentaires que ce roman, qui avait déjà passionné Martine ( voir  son post du 21 octobre 2012), lui a inspirés:

 

LE CLUB DES INCORRIGIBLES OPTIMISTES, de Jean Michel Guenassia

Et si d’un coup de vent on se retrouvait face à un groupe humain disparate, hétérogène en idéologie, en âge, en origine…en tout?

Comment trouverait-on notre place de déraciné , comment pousser, comment vivre sa vie donnant des coups de coude pour gagner un rayon de soleil, dépouillé même de son nom, et avec une mémoire cachée sous le paillasson?

Telle est la situation de ces personnages qu’on entend parler en Français rude de l’Est et dont la taille, énorme, fait de l’ombre à un jeune garçon de douze ans.

La vie à l’état pur: une famille moyenne avec des problèmes de famille moyenne, des amants privés d’amour, des histoires humaines, ondes expansives de l’histoire avec un grand « H », des misères,des exploits…

Nous voilà face à l’imprévu de la rencontre due au hasard et la certitude d’une autre rencontre bien plus attendue des exilés, et la roue se laisse tourner par une main qui perd, petit à petit, son innocence et gagne en expériences. Michel apprend la vie comme il apprend à jouer aux échecs, avec un peu de triche, avec beaucoup d’application .

Mais, où est, donc, cet optimisme? La Vie, comme un fleuve, creuse ses chemins à la surface ou à l’intérieur et, avec des résurgences, nous embarque dans son perpétuel mouvement malgré tout, malgré nous .

Dimanche 3 février

Bruno vient d’envoyer un commentaire qu’il serait dommage de ne pas rendre plus visible qu’un commentaire classique, qu’il faut ouvrir d’un clic, ce qu’on ne fait pas toujours !!!!

Donc, le voici!

Ravi de ton commentaire judicieux et passionné sur ce livre, que , de mon coté, j’ai  aussi parcouru avec délectation. J’avais le même questionnement à la dernière page: qu’en est il de l’incorrigible optimisme? mais oui!!!, c’est cette pulsion de résilience, comme l’a si bien décrit Boris Cyrulnick, qui pousse à la survie ces exilés en allant au delà de leurs tortures morales et politiques, comme elle pousse à grandir un adolescent lucide qui  comprend  ce désarroi,  en même temps qu’il apprend à assumer les frustrations et les pertes que la vie ne cesse de lui réserver.
 Celui qui n’y arrive pas,Sacha, parce qu’il ne peut dépasser sa culpabilité, et on vibre de compassion pour lui, se projette lentement vers la mort et passe à l’acte.
 Merci de la vibrante émotion que tu nous transmets. BRUNO

Décidément, l’optimisme suscite des commentaires….tant mieux! La Clé des Champs est ravie de servir d’intermédiaire entre ses lecteurs..!!!

Voici donc la réponse de MariCarmen à Bruno!

Le fait de pouvoir partager de la bonne littérature est une chance, et la chance de pouvoir, en plus, partager les mêmes émotions après lecture c’est encore autre chose; c’est un plaisir…Merci à Josette qui nous prête cet écran pour nos projections. M.Carmen

José se jette à l’eau….!!!!!!!

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P1020379 (1024x768)PREAMBULE

Je sais! Dans les réunions du FCP, je parle beaucoup. Certains diront « trop ». Mais je n’ai pourtant encore rien écrit sur le blog de notre animatrice infatigable. C’est triste… surtout pour moi.  Je garde uniquement pour moi seul toutes mes impressions, ou alors je dors. Dans les deux cas ça pourrait s’appeler de l’égoïsme.

Je crois que je commence à me réveiller car j’ai bien apprécié les commentaires de Bruno et d’Henri sur divers livres. Non seulement après avoir lu leurs commentaires je me sens plus intelligent, mais si je lisais les livres dont ils parlent je sens que mon intelligence pourrait exploser. Heureusement, certains, je les avais lus quand j’étais plus jeune (il y a 10 ou 20 ans seulement).

Je me lance donc dans l’eau claire du blog champêtre de Josette (n’ayez crainte je sais nager).

CORPS DU SUJET:

Un auteur : AMIN MAALOUF

J’ai lu plusieurs livres d’Amin Maalouf et je crois qu’il s’agit d’un auteur qui mérite de s’y attarder car ses réflexions et ses romans historiques ont, malheureusement, beaucoup d’actualité. Ils sont toujours sous-tendus par un témoignage permanent des dégâts que l’intolérance cause à l’humanité.

Je passerai vite sur le livre sur Les Croisades vues par les Arabes et sur Léon l’Africain; ces livres nous montrent que le hasard des évènements peut produire des effets surprenants qui n’ont pas qu’une seule face. Dans Samarkande il illustre à la perfection comment les efforts de certains pour favoriser la communication entre les peuples et rendre la vie de la cité  plus plaisante sont facilement détruits par les fanatiques. La route de la soie a été coupée et la poésie (Omar Khayam,…) interdite lorsqu’une certaine secte de l’Islam a eu assez de pouvoir.

Dans des essais plus récents, Les Identités Meurtrières et Le Dérèglement du Monde, il traite des causes des conflits, surtout des égarements liés à un attachement excessif et exclusif à chacun de nos groupes sociaux. Surtout sur ce deuxième essai, il exprime des idées d’un pessimisme lucide quant à l’avenir de nos sociétés et ce n’est qu’au dernier chapitre qu’il allume une lumière d’espoir en disant que la Culture peut sauver la société. A la lecture j’avais senti un certain pessimisme. Cette impression me fut confirmée lorsque je le rencontrai à Ombres Blanches et lui posai la question, il a fini par avouer qu’il ne voit pas le futur très rose, à cause de la montée de toute sorte d’intégrismes et d’intolérances.

Je vous recommande, si vous ne voulez pas sombrer dans ce pessimisme, de lire un de ses derniers livres: Origines. Il s’agit de la biographie de son Grand-père qui a toujours vécu au Liban. On y apprend l’histoire du passage de l’empire Ottoman à la mosaïque d’états actuels: Turquie, Liban, Syrie, Egypte,…. Il ne s’agit pas de l’histoire que l’on peut lire sur un manuel, c’est le témoignage de l’évolution de la société vue par une famille de gens illustrés, libéraux, démocrates, dont la plupart n’ont eu d’autre issue que l’exil.

Quand on connait l’histoire de la même catégorie de personnes dans la Péninsule Ibérique, on ne peut qu’être frappé du parallèle. À ce propos je recommande aussi la lecture de Tabucchi, auteur italien amoureux du Portugal, disparu récemment. Dans un de ses meilleurs livres, Sostiene Pereira (trad. fr. Pereira prétend). Il y est question d’un veuf, sans ambition ni engagement politique, journaliste culturel à Lisbonne, qui finit par fuir le Portugal de Salazar, tellement la dictature finit par le persécuter.

CONCLUSION     Les lectures qui corroborent nos propres idées sont plus appréciées que celles qui les mettent en doute.

Je me rends compte que je n’ai pas parlé de beaucoup d’autres livres de cet auteur qui ont eu une grande diffusion, et que j’ai lus et appréciés, ce sera pour la prochaine fois. Cependant je ne veux pas finir sans mentionner une pièce dramatique, il s’agit d’Adriana Mater, qui a donné lieu à un opéra d’un compositeur finlandais, créée à Paris à l’Opéra Bastille en 2006 et
jouée à Londres et à Helsinki. Cette pièce, dans un cadre aux contrastes bien marqués, évoque la guerre, le viol, le meurtre, ainsi que la maternité, la paternité, la vengeance et le pardon, on peut la comparer sans crainte à une tragédie grecque (Œdipe, Electre, Antigone, …). Je n’ai jamais entendu l’opéra (je me méfie de la musique contemporaine).

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La nuit sera calme, par Bruno

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Inutile de faire une introduction en ce qui concerne les posts de Bruno, il introduit très bien lui même les commentaires qu’il envoie très gentiment et pour mon plus grand plaisir pour La clé des Champs qui prend pour le moment, grâce à lui et à Henri, la tournure que je souhaitais au moment de sa création: un lieu d’échanges sans prétention, sur des sujets  variés, entre des gens qui se connaissent ou pas, mais qui sont des personnes que j’ai l’honneur de compter parmi mes amis…..je ne saurais donc encourager tous les autres à faire de même: tout le monde a un petit (ou un grand) quelque chose à partager….alors ne vous gênez pas…!!!

Voici une critique très personnelle mais très passionnée sur le bouquin La nuit sera calme de Romain Gary. J’ai fait un couplet général sur le personnage auquel j’ai ajouté un petit couplet  psychanalytique de mon cru. N’y voyez aucune influence de ma fiancée, qui, d’ailleurs , après avoir lu cette réflexion  (mais sans avoir encore lu le livre) n’a émis aucune objection ni censure!

Tout le monde connaît le gros succès de ses autres romans,  qui ont été couronnés deux fois par le Goncourt sous son nom d’abord, puis par le biais de son pseudo Emile Ajar, alors que son identité russe d’origine est Romain Kacew.

En 1974 il écrit La nuit sera calme qui est un interview fictif où il répond à de nombreuses questions sur lui même, sa mère, son enfance, son engagement d’aviateur dans la France libre, sa carrière de diplomate et ses ouvrages littéraires. C’est en fait une interrogation – réponse qu’il se fait à lui même, à la fois sur son parcours biographique mais aussi sur ses engagements, son honnêteté intellectuelle, son comportement psychologique de diplomate, son amour de l’éternel féminin, ses provocations et parfois son cynisme, sa perception extrêmement lucide de la société autant que sa vision géopolitique du monde.

Cette réflexion sur tant de sujets m’a complètement fasciné. J’y ai trouvé des intuitions visionnaires sur notre société actuelle, qui m’ont désarçonné de vérité, de lucidité, de pertinence, une prémonition sans vanité sur un certain devenir de l’occident et des autres nations. Bien sûr, certaines analyses sont moins probantes, moins élaborées, mais la majorité restent stupéfiantes de réalisme et tout à fait d’actualité en 2013, dans un discours qui passe de l’ironie à la passion, d’un vécu immédiat à un futur plausible. Ce qu’il dit, que ce soit des opinions ou des certitudes, est fortement étayé par une vie hors du commun, une rencontre de l’humain réceptive et critique avec des personnages aussi différents que Teillard de Chardin, Malraux, De Gaulle, Savary, Vychinski, Schummann……

Bref, le plus étonnant est que sa réflexion n’a pas pris une ride.

Mais on pourrait, pour certains, s’interroger davantage sur ce personnage atypique, voire gratter un peu son inconscient, qui n’est pas exempt d’une histoire
œdipienne marquante, caractérisée par une relation excessivement fusionnelle avec sa mère (lire  La promesse de l’aube ). Moi je pencherais pour un « déni
d’initié » (jeu de mot qui parlerait à Lacan), initié parce que ayant connu la psychanalyse et Freud lui même, et déniant dans ses réponses à ses propres questions, l’emprise de sa mère, bref un refoulé délibéré qui n’enlève rien à sa conviction affirmée de ne pas aller y voir plus loin , sans compter l’absence du père rarement citée ! ! Mais qui peut expliquer un conflit interne entre une image personnelle idéalisée, immortelle et prédestinée par la mère, et un principe de réalité qui l’a rattrapé jusqu’au suicide. Enfin, c’est une autre histoire ! !

Pour ceux qui, récemment, ont eu un avant goût de ce dialogue très partiel, mais excellent, dit par Jacques Gamblin au TNT, courez pour en savoir plus, vous ne serez pas déçu, quant aux autres, c’est pire, il faut vous précipiter pour doubler les précédents au poteau. Sachez toutefois que Ombres Blanches a été dévalisé de 50 exemplaires dans la semaine, et que vous ne le trouverez plus que sur internet.
Bonne jubilation à vous, en le lisant.

Merci, Bruno! Puisqu’on ne trouve plus cet ouvrage nulle part, peux-tu le prêter? Tu nous a mis l’eau à la bouche…!

Henri, José, Martine, Monique, Chantal ……. et les autres, je suis sûre que cet article vous inspire des commentaires! Ils sont les bienvenus…!!!!!

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Les miscellanées de M. Schott, par Henri

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Aujourd’hui, je veux vous parler d’un livre très particulier, Les miscellanées de Mr . SCHOTT par Ben Schott.

Impossible à lire d’un trait mais impossible à refermer. Les miscellanées de Mr. Schott sont une collection unique de petits riens essentiels. Quel autre livre peut s’enorgueillir d’un index où se côtoient l’Enfer de Dante et l’entretien du linge, le caviar et les anniversaires de mariage, les gagnants de l’Eurovision et l’echelle de coma de Glasgow, le code irlandais du duel et les apparitions d’Hitchcock dans ses films, les Érinyes et les chevaliers de la table ronde, les sept merveilles du monde et les amendements à la constitution des États Unis, les maris de Liz Taylor et les phobies, les neuf muses et les règles du Sumo.
Où trouveriez-vous ailleurs, en ouvrant une seule page , le nom des scores de golf, l’échelle de piquant des piments, l’histoire de l’impôt britannique sur les chapeaux, les longueurs de lacets et le drapeau de la Guadeloupe.
Où , sinon dans les miscellanées de Mr. Schott, pourriez-vous trouver des informations sûres concernant le chat de John Lennon, le fournisseur officiel de cornemuses d’Élisabeth II, les travaux d’Hercule, ou encore les méthodes des homicides élucidés par Miss Marple?
Les miscellanées de Mr. Schott est un livre divertissant, imprévisible et pour tout dire indispensable.

Les miscellanées de Mr. Schott n’ont certes pas la prétention de faire autorité, d’être exhaustives ni même pratiques. Sans doute est-il possible de vivre toute sa vie sans les miscellanées de Mr. Schott mais cela semble une entreprise bien étrange et bien téméraire.

« c’est une bien triste chose que de nos jours, qu’ il y ait si peu d’informations inutiles »
Oscar Wilde

« il n’a appris à lire qu’à moitié, celui qui n’a pas aussi appris l’art encore plus subtil de
feuilleter et de sauter des pages »
Arthur Balfour

Pour ceux et surtout celles qui ne seraient pas immédiatement passionnés par ce petit ouvrage, sachez que Ben Schott a récidivé avec un livre encore plus passionnant : Les miscellanées culinaires de Mr. Schott

 

Une petite interrogation: pourquoi celles qui n’aimeraient pas les premières miscellanées seraient-elles plus intéressées par les miscellanées culinaires? Serait-ce une petite remarque sexiste? La cuisine serait-elle exclusivement réservée à la gent féminine? Non à la discrimination! Les messieurs doivent être acceptés à la cuisine…..!!!!!

Les revenants, par Henri

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Si par extraordinaire, vous êtes passé à coté de cet événement médiatique sur Canal plus, il est encore temps. La série télévisée est disponible en DVD.
Il faut se méfier des idées reçues. Par exemple qu’une série télévisée est toujours de moins bonne qualité qu’un film. Ce n’est plus le cas aujourd’hui car avec des formats longs, ici 8 épisodes de 50 mn, les auteurs peuvent, comme dans un roman, affiner la psychologie des situations et des personnages.
Pour apprécier toute la subtilité de ces récits, il est préférable de visionner ces séries sur DVD. On peut ainsi, comme lorsqu’on lit un roman, revenir en arrière , s’arrêter quelques temps pour reprendre son souffle et vivre pendant quelques jours totalement immergé dans l’histoire.

Surtout, ne pensez pas avoir à faire à un film de zombies, même s’il y a quelques scènes légèrement gores. Ce n’est pas non plus une série fantastique, c’est plutôt une réflexion sur l’immortalité et la résurrection.

Dans une ville de montagne dominée par un gigantesque barrage, le même jour, plusieurs personnes d’âges et de milieux différents, tous désorientés, cherchent à rentrer chez eux. Ils ne savent pas encore qu’ils sont morts depuis plusieurs années, qu’ils n’ont pas vieilli et que personne ne les attend.

Déterminés à reprendre une place qui n’existe plus, ils découvrent peu à peu qu’ils ne sont pas les seuls revenants et que leur retour s’accompagne de dérèglements croissants.
Et si ce n’était que le début d’un bouleversement plus majeur encore ? Il y a énormément de personnages et d’histoires qui se mélangent. Le résultat est passionnant. Cette série a vraiment passionné tout ceux qui l’ont visionné et après 8 épisodes on attend la suite avec impatience

Un coussin magique pour Malo

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P1020421 (1024x768)Une après midi glaciale, un ciel à neige,  1 carré de tissu matelassé de 1,20m de côté,  2 carrés de coton de 45cm de côté ayant le même motif ou d’une couleur assortie, un carré de ouate de 45cm de côté,  6,60m de biais et une bobine de fil assortis,  une machine à coudre …..et le tour est joué….!!!!

Les quilles de huit….tout un art….!

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Les dimanches matin sont animés dans les villages d’Aveyron. Autour des églises, sur les places des mairies ou dans les stades, des hommes arrivent. Les uns traînent péniblement une caisse montée sur roulettes, d’autres portent sur l’épaule de lourds sacs en toile de jute d’où s’échappe le son du bois qui s’entrechoque. Pendant que l’on prépare le terrain, la buvette ouvre. On s’apprête à jouer aux quilles. Aux quilles, oui, mais aux quilles aveyronnaises, devenues un produit de pur terroir, au même titre que le tripou ou la coutellerie de Laguiole. Au profane, la partie qui se conclura avec les derniers rayons de soleil apparaît comme un joyeux tohu-bohu, une épreuve désordonnée.

Au début est la légende. Celle qui veut qu’un jour un vaillant joueur de quilles soit si las de ne jamais réussir à faire tomber les neuf cylindres verticaux qu’il en projeta une dans le tas afin d’horizontaliser les autres. Ainsi, conclut le mythe, est né le jeu de quilles aveyronnaises. Cette énième variante d’un jeu ancestral dont on ne trouve trace qu’en Aveyron serait donc née d’un geste de colère.

De la prétendue ire originelle, point de trace chez Christophe Recoules, 33 ans, instituteur remplaçant, qui porte la générosité sur ses traits et dans sa voix. Ce solide gaillard est un authentique sportif, partageant son corps musclé entre le rugby comme demi d’ouverture à Rodez et les quilles: «Ce sont deux disciplines qui se complètent bien, la saison des quilles débute lorsque celle du rugby est terminée.» Pour Christophe Recoules, aimer les quilles aveyronnaises, ça veut dire pratiquement être tombé dedans petit: «Par mes deux parents, j’ai des origines aveyronnaises. J’ai toujours vécu dans le département et j’ai bien peu bougé. La quille, ce n’est pas dans les gènes, mais presque. En tout cas, c’est totalement culturel et il est très difficile d’y intéresser quelqu’un qui n’a pas été bercé par ça dans sa plus petite enfance. C’est pourtant plus simple que la pelote basque, par exemple, mais même dans les départements limitrophes, ça a très peu débordé. Il y a des clubs de quilles à Paris, Montpellier ou Toulouse, qui sont nés avec l’exode des Aveyronnais au début du siècle (….)

Pendant une compétition (huit parties de neuf jeux), un concurrent lance 72 fois la boule de 6 kilos et 72 fois la quille de 2 kilos. Gaucher du pied pour le rugby, droitier à la main aux quilles, Christophe explique pourtant que la force pure ne joue pas un rôle primordial: «Le principal est dans la précision du geste, dans sa préparation lors de la course d’élan et dans l’effet que l’on donne. Dès l’instant où on lâche la boule, on sait si le coup va être bon ou raté. Le plus difficile à acquérir, c’est la coordination entre le bras en balancier qui va permettre de lancer sans effort, le regard sur la quille à jeter et la course, où il faut arriver avec le pied d’appui opposé au bras.»

Depuis 1970, une vingtaine d’écoles primaires de l’Aveyron dispensent des cours de quilles et organisent des compétitions. Plus récemment, les femmes ont commencé à se faire une place au soleil des quillodromes. Pour Christophe, c’est le gage que l’identité culturelle n’est pas près de s’éteindre.

Et cette identité se cultive dimanche après dimanche: «Pratiquement tout le village est là quand il y a une épreuve, et ce côté festif est essentiel à préserver. Le jour où il n’y aura plus cela, ça ne vaudra plus le coup de jouer.» Il est vrai que l’appât du gain est un dérisoire stimulant: «Le vainqueur d’un tournoi peut gagner 100 francs, mais avec les 40 francs d’inscription et l’apéritif qu’il faut offrir pour arroser la victoire, on en est toujours de sa poche.»             Libération 29 juillet 1995

 

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Le village de Magrin, depuis plus de 50 ans, a vu naître et grandir un grand nombre de champions dans toutes les catégories (Excellence, Honneur et Promotion), depuis les très jeunes jusqu’aux seniors, parmi les garçons et les filles et le jeu de quilles de huit y a été érigé en véritable religion. Le Président du Comité National, Jacques Regourd y vit et Magrin a même été cité dans le reportage qui a été fait sur ce sport.

http://videos.tf1.fr/jt-13h/la-quille-de-8-jeu-traditionnel-de-l-aveyron-4836994.html

Au mois d’octobre 2012, l’assemblée générale du Comité National des quilles de huit, s’est tenue à la salle des fêtes de Magrin en présence de nombreuses sommités sportives et politiques (maire et conseiller général). La réunion au cours de laquelle Jacques Regourd a annoncé qu’il cessait ses fonctions de Président a duré jusqu’à minuit, après quoi, les bénévoles du club de Magrin, ont servi une soupe au fromage. C’est à ce moment là que Gérard E, l’arbitre du club, dont le verbe légendaire ponctue nombre d’évènements privés ou publics, a lancé son « j’accuse » pour rappeler que « les quilles », avant d’être un sport était un jeu avec des règles moins strictes et surtout l’expression d’une culture locale bien enracinée dans le terroir aveyronnais,

Coup de pied aux discours officiels auto-satisfaits et élogieux ou petite larme nostalgique ???

En tout cas, un morceau d’anthologie « magrinole » qui ne manque pas de couleur et de verve fleurie et imagée!

Merci Gérard, d’avoir accepté de partager cet instant savoureux!

 

           Mesdames, mesdemoiselles, messieurs….

 

20 ans pour certains…24 ans pour d’autres…

…la fin d’un cycle….le début d’une ménopause… !

 

Loin des discours flatteurs et dithyrambiques de courtisans cireurs de pataugas, et tel le furoncle mûrissant au fessier du cycliste…j’explose !! J’explose et je m’élève, ce soir et à l’ascension, contre certaines décisions du Comité National ayant fortement entamé les us et coutumes séculaires de notre Jeu de Quilles de huit … ! 

Et je dis à la façon d’Emile Zola (de son vrai nom Emile Gorgon Zola Auffray) :  J’ACCUSE… !

J’accuse le Comité National d’avoir été à l’origine de la disparition des grands équipementiers sportifs qu’étaient Adolphe Laffont et Janot Lou Paysan… ! On a changé  la véritable et confortable popeline des Pyrénées  contre un vulgaire bas nylon ADIDAS très abrasif pour l’entrejambe… !

J’accuse d’aveuglement les auteurs de l’interdiction de l’anisette, sur et autour des terrains de quilles, qui ont ainsi rompu une collaboration de plusieurs décennies avec la maison RICARD ! Une société bien française, qui bourrait les joueurs et … les caisses ; et qui n’a pas tardé à réagir en supprimant casquettes et bobs Ricard ! Des symboles du joueur de quilles qui permettaient de le différencier des joueurs de pétanque qui portaient exactement …la même chose !? Le nouveau Comité aura, ainsi, à faire face à la montée grandissante des bonnets à la Bob Marley et des casquettes de rappeurs façon banlieue de Canet de Salars … !Bon courage !  

J’accuse le Comité National d’avoir sciemment favorisé le déclin de la Salers ! Pas la vache…la gentiane !! Une boisson légendaire rendue célèbre, dans les années 70, par un quarteron de bougnats parisiens, champions de quilles  aux performances suspectes aux yeux de certains ! On pensait dopage ! Mais  le fait qu’on ait trouvé des traces  de Salers dans les urines d’Armstrong  ne constitue pas une preuve car on a trouvé exactement l’inverse chez les parisiens… !! Aujourd’hui, une pâle copie au nom évoquant la race Salers tente de s’imposer au comptoir de nos buvettes : Red Bull … ! Nous demandons au nouveau Comité National d’envoyer paître ce Taureau rouge aux côtés de la Vache qui rit en prenant soin de les stériliser pour éviter toute descendance … !

J’accuse également le comité national et son médecin traitant d’avoir provoqué la disparition et l’extinction totale de la Gitane maïs. Une véritable atteinte à l’image du joueur. Le béret et la Gitane maïs étant la caricature parfaite du quilleur ! Au passage, rendons hommage au dessinateur Jean Ferrieu qui immortalisa tant de joueurs et tant de clopes… ! La Gitane maïs : la cigarette du sportif par excellence (bon…honneur et promotion aussi… !! ). On l’allumait au rabat, on mégotait encore à 20m ! La seule cigarette qui consumait plus de briquets que de tabac… !

J’accuse, encore et enfin, le responsable  des arbitres du Comité National d’avoir cautionné une création vestimentaire remarquable : la tenue officielle des arbitres.  Un must! En haut, une chemisette  de style italien… qui fait que chaque fois que je rentre chez moi habillé, on me demande si je fais toujours des coupes au rasoir et des shampoings …. ?? J’ai du mal à m’y faire … !! En bas, un pantalon de forme improbable, agrémenté de plusieurs poches aux utilités multiples dont deux sont remarquables : l’une doit servir à ranger « des avantages en coupures destinés à favoriser le bon décompte des quilles abattues … ! »  L’autre sert, et là, l’idée est géniale vu l’âge assez avancé des arbitres, l’autre sert à ranger… le dentier !?

Je conclus en souhaitant bon vent aux nouveaux dirigeants. Mais qu’ils comprennent qu’il y aura toujours un gardien du Temple pour perpétuer la tradition, que nous garderons  notre libre arbitre et que nous les aurons à l’œil.gratuitement !!

 Bonsoir

Luc Vigouroux en action pour une nouvelle saison de quilles  de huit./ Photo DDM,  J.-L. P. ()

Philemon par Henri

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Parmi les chefs d’oeuvres de la Bande dessinée, je vous propose aujourd’hui, une série ancienne mais qui a gardé tout son charme et son originalité. Si vous ne deviez connaître qu’une seule BD, je pense que ce devrait être celle là. Il s’agit de la série des Philémon imaginée et dessinée par FRED.

C’est une série de 15 albums qui se déploient de 1965 à 1990.  Pour pénétrer dans le monde de Philémon, il faut démarrer par le premier album de la série, « Le naufragé du A  » .


Un jour , Fred a l’idée d’envoyer Philémon sur les lettres de l’Océan Atlantique. Comment lui est venue cette idée ? Tout simplement, en regardant l’eau de son bain s’écouler de la baignoire. Comme beaucoup d’entre nous, il s’est demandé ce qu’il pouvait bien y avoir derrière…

Il écrit un scénario qu’il fait lire à Goscinny en déclarant qu’il veut dessiner l’histoire. Goscinny consent. L’aventure de Philémon commence dans le journal Pilote .

 Philémon nous entraîne donc dans un monde insolite, mystérieux…merveilleux, une bizarrerie géographique, peuplée de personnages improbables.

Philémon 

Il nous entraîne au travers d’aventures burlesques et grotesques. Mais derrière les circonstances loufoques se dressent des figures ubuesques. Les lettres sont souvent des utopies totalitaires. Philémon devient une allégorie des aberrations de nos sociétés et de leurs institutions.

Fred porte un regard aiguisé et critique sur nos gesticulations qui doit tout à l’existentialisme et à l’absurde. La cacophonie du monde des lettres n’a, en effet, rien à envier au théâtre de Beckett ou de Ionesco.

Et comme si cela ne suffisait pas, il y a une confusion avec le « no sens » so british propre à Lewis Carroll et à « Alice au pays des merveilles ». Mais tout devient définitivement renversant lorsque l’histoire est servie par le génie de l’illustration. Le dessin de Fred renvoie aux surréalistes, à Dali .  C’est un maître du trompe l’œil et des illusions d’optique. Il nous plonge dans ses fantaisies, ses hallucinations, entre rêve et cauchemar. On est proprement déstabilisé. Plus rien n’a de sens. La bascule du réel à l’imaginaire est saisissante. D’autant plus que Fred met en scène une mythologie originale. Bien sûr les récits sont ponctués de centaures, de licornes ou d’archanges mais on y côtoie aussi et surtout des manu-manu, des brigadiers, des citicacouatiks, des tompepompes et autres…

Fred est aussi un scénariste atypique. Il avoue dans ses interviews créer au fil de ses rêveries et de ses vagabondages sans trop savoir où cela le mènera.  Il note ses idées et ferme la fenêtre à double tour pour qu’elles ne s’envolent pas.

Et, en effet, on perçoit une mécanique du gag qui rebondit de jeux de mots en jeux d’images et vice versa. Les scènes s’enfilent ainsi comme un collier de perles avec une grande fluidité.

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Betty…

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arnaldur indridasonArnaldur Indridason est un auteur de romans policiers islandais que j’ai découvert il y a peu, mais dont j’ai lu tout ce qui a été publié en français. Quelques titres: La cité des jarres, La femme en vert, , La voix, Hypothermie, L’homme du lac (que j’ai lu en premier et particulièrement aimé), La rivière noire, La muraille de lave.  Ses principaux romans  mettent en scène la même équipe de détectives, dont l’abrupt Erlendur torturé par la disparition de son frère alors qu’il n’était qu’un enfant et tourmenté par sa fille « junkie ». Ce sont ces souffrances et les conditions qui les ont engendrées qui intéressent particulièrement Indridason car « le bonheur se suffit à lui-même, il n’y a rien à en dire. »

Dans le dernier roman que je viens de lire, Indridason délaisse complètement le commissaire Erlendur au profit d’un personnage féminin, fascinant, séducteur, manipulateur, machiavélique, vénal, la magnifique Betty qui donne le titre au roman.

Mais, l’auteur est tout aussi manipulateur que son héroïne et le lecteur reste complètement ébahi de s’être laissé berner et ne peut qu’admirer l’habileté avec laquelle il a construit son personnage et son histoire.

Un policier envoutant, à lire d’une traite (ça tombe bien, il ne fait que 200 pages!), qui plonge le lecteur dans une atmosphère sombre, un huis-clos oppressant dans le cadre majestueux des paysages islandais.

C’est avec plaisir que je prêterai le livre!

Betty par Indridason

Plus de plis autour des yeux……

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…..que sur le bob du marin!

C’était la consigne de Corinne pour cette nouvelle journée d’aquarelle dans son atelier, toujours aussi accueillant, avec quelques douceurs en plus, Épiphanie oblige…!!!!

L’objectif du jour était d’apprendre à faire de touts petits enlevés de pigment, exactement au bon moment, c’est-à-dire sur l’humide-mat pour représenter les poils de la barbe blanche. Mais, bien sûr, il ne fallait pas oublier de bien observer les contrastes d’ombre et de lumière ni de placer les plis sur le vêtement, sur le bob, et autour des yeux, au bon moment (presque sec) pour qu’il ne se forme pas une petite étoile au bout de chaque ride.

Une démo particulièrement appréciée pour sa technique et son aboutissement. Toutes les questions ont été posées, et même certaines critiques ont été émises, ce qui, dixit Corinne, ne peut que faire progresser tout le monde….!!! Quelle disponibilité et quelle générosité!

Après beaucoup de soupirs, parfois une tension palpable….les jurons habituels, et surtout la présence rassurante et les interventions efficaces de Corinne, le résultat est là: un marin, différemment traité selon les personnalités, mais exprimant la même bonhommie et rayonnant sous un soleil  qui a bien réchauffé et égayé  cette journée de janvier froide et maussade.

Encore une fois, merci Corinne!